- "Djorkaeff-Boghossian, une affaire de coeur" (journal? , 31/03/99)

- "Djorkaeff hero d'Erevan" (L'Equipe, 06/09/99)

- "Djorkaeff en pelerinage"  (L'EQUIPE, 08/09/99)

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"Djorkaeff dans tous ses etats" (L'EQUIPE, 09/09/99)

"Entre le génocide de 1915 et l'indépendance de 1991, il y a toute une page d'histoire à écrire. Mais il y a aussi l'Arménie comme je la vois, comme on ne nous l'a jamais présentée. Il y a certes eu un tremblement de terre en 1988 et une situation économique difficile qui ne s'arrange pas mais l'Arménie est également très riche sur le plan culturel. Il y a des monuments historiques, des sites incontournables qui ont été occultés par le passé."

"Le problème de l'Arménie, c'est qu'elle a une histoire que l'on voudrait faire oublier. Notamment à cause du génocide qui n'est toujours pas reconnu par l'ensemble des gouvernements étrangers. Les Turcs ont pourtant massacré 1 500 000 Arméniens, mais cela ne semble toujours pas assez important aux yeux du monde."

"Mes grands-parents ont fui le génocide à l'âge de six ans pour se retrouver en Turquie puis en France. Mes parents et moi, originaires d'Arménie orientale, sommes nés et avons vécu sur le sol français. La France a été le pays d'accueil de mes grands-parents. Je suis revenu avec l'équipe de France championne du monde sur les terres arméniennes et en plus on a gagné. C'est extraordinaire !"

citations du site officiel

Youri au pays de ses ancetres

Jusqu'au mois de Septembre dernier, Youri Djorkaeff ne conaissait de l'Armenie que ce quartier de Lyon surnommé "la petite Armenie", ou il a passé son enfance avec ses parents et ses deux freres, Denis et Misha. Nourri des coutumes et de la cuisine armeniennes, il a appris la langue - qu'il parle couremment - et il a tapé pour la premiere fois dans un ballon a l'Union generale armenienne, le club de football de ses debuts.

Pour decouvrir enfin le pays de ses ancetres, a 31 ans, il a fallu ce match Armenie-France, le 8 Septembre. Des qu'il a appris sa selection, Youri a jugé que l'occasion etait belle pour realiser enfin ce projet qui trottait dans les esprits du clan Djorkaeff depuis des annees: organiser un pelerinage familial. Il a d'abord appele sa mere. C'est par elle que le sang armenien coule dans ses veines; nee Marie Ohanian, sa famille etait originaire de Bursa, une ville aujourd'hui rattachee a la Turquie. De plus, elle n'avait jamais mis les pieds en Armenie et en revait. Youri n'a eu aucun mal a la convaincre ainsi que le reste de la famille eparpille a travers la France.

Quatre jours avant le match, la tribu s'envole pour Erevan, la capitale. Youri la rejoint ensuite avec l'Equipe de France. Informees, les autorités locales - qui avaient deja l'intention de mettre les formes pour Youri - donnent a l'evenement un ampleur nationale. La presse en parle, un elegation attends a l'aeroport pour accueillir les uns et les autres. Le match lui-meme est relegué au second plan de meme que la prestation de Youri, artisan de la victoire des Bleus (3-2, un but de Youri, deux passes decisives). Pur le pays, ce qui importe plus que la defaite c'est bien de recevoir les Djorkaeff et on espere leur presence aux quatre coins de l'Armenie. Comme ils n'ont plus de fmailles sur ces terres, Youri et les siens ont decidés de jouer les touristes mais ils ne disposent plus que de 48h. La priorité est donnee aux sources religieuses et au celebre lac Cevan.

 

 

Deux ecclesiastiques amateurs de foot sont a leur disposition pour une visite guidee de l'eglise chretienne de Gatoghigos - l'une des plus grandes du monde - , qui se trouve a Etchmiadzine, a 20 km a l'Ouest d'Erevan. Ce temple est l'equivalent du Vatican pour l'eglise chretienne apostolitique, le culte des Armeniens. Youri, qui est croyant, se recueille et brule un cierge avant de se rendre dans le musée religieux jouxtant l'eglise. La sont exposés des objets, des icones et des costumes de culte, anciens mais merveilleusement conservés.

Un tresor qui raconte l'histoire pieuse et douloureuse du peuple armenien. A la sortie, comme c'est la coutume, il sacrifie au rite en allant boire a la fontaine ou coule une eau benite, censee purifiee les adeptes.

La visite terminee, les Djorkaeff prennent le ferry sur le superbe lac Cevan, situé a 60 km a l'est d'Erevan. Le president de la Republique, Robert Kotcharian, les attend en personne sur l'autre rive, dans sa residence secondaire qu'il a tenu a mettre a disposition du clan Djorkaeff avec tout son personnel. Youri et sa famille y passent 24 heures, le temps de diner et visiter les environs le lendemain.

Apres le president, d'autes notables, et non des moindres, attendent les djorkaeff a Erevan pour les honorer a leur tour. Le Premier ministre tient a rencontrer le joueur et sa famille. Le ministre de l'interieur, qui est egalement president de la federation armenienne de football, a organisé un banquet dont les Djorkaeff sont les invités d'honneur au milieu de notables et auts personnalités du pays. A nouveau, des discours et des toasts exhortent les chers visiteurs a revenir bientot. a nouveau, une joie et une emotion immenses illuminent les yeux de Youri qui repete par-ci par-la et quelques heures plus tard sur la passerelle de l'avion du retour: "je reviendrai".

Karen Allali
Article et photos paru dans planete foot en Septembre 99