13/03/99
Le coeur de l'Armenie va s'emballer ce soir au Stade de France ou son equipe nationale va disputer plus qu'un match de football face a Youri djorkaeff et alain Boghossian, deux champions du monde certes, mais qui restent avant tout des "enfants de la terre".
"Pour l'Armenie, cette rencontre est une maniere d'exister, d'etre reconnue, resume Youri. Le dernier evenement sportif de cette envergure date de 1974. C'etait a Munich pour un Bayern -Erevan, en coupe d'Europe. Tous les armeniens du monde etaient venus en baviere. Ce sera aussi le cas aussi au Stade de France. J'ai ete assailli de demandes de places. Je sens une grande fierte chez tous les armeniens."
Youri Djorkaeff est né en France, ses parents aussi, et il n'a jamais melangé les genres. Reste que ce rendez-vous du 31/03/99 est gravé dans son esprit depuis longtemps. Il sait trop ce qu'il represente pour le peuple armenien: " On n'en parle que pour evoquer des morts. Quand Aznavour fait une chanson c'est seulement en reaction au tremblement de terre de 1988. C'est une realite. La, a travers le football, on va donner du bonheur et c'est plus fort que tout. Des gens ont venir au Stade de France et se retrouver au bout de quinze ans. Ils vont vivre quelque chose d'unique. Par rapport a eux, je me sens comme un ambassadeur moral." [...]
Pourtant Youri Djorkaeff et alain Boghossian partagent la meme ignorance de la terre de leurs ancetres. Il ne sont jamais allés en Armenie. Le 8 Septembre prochain, cette lacune sera comblee a l'occasion du match retour a Erevan. "J'espere vraiment etre du voyage", confirme Bogho. "Aller la bas avec l'Equipe de France est le plus beau cadeau que je puisse faire, reve Youri de son coté. J'ai aussi de la famille en Turquie et j'y etais allé, a 15 ans, avec ma mere et ma grand-mere. J'avais ressenti une grande emotion."
En attendant ce pelerinage, il y a un match que les Francais n'ont pas le droit de galvauder. Quitte a faire mal."Je suis francais avant tout" conclu Bogho dans un sourire. Dommage pour les equipiers de Haroutyoun Vardanian.
Joel Riveslange et Frederic Michel.